Sabaidee petits membres cheris!
Deja 15 jours et zero nouvelle sur
votre ordi. Mais croyez nous le pays defile et les becanes a clavier se
font rares. Laissez nous vous conter la suite de notre epopee et vous
verrez...
(On vous conseille de vous asseoir confortablement l'histoire qui suit
est un peu plus longue que les autres... appretez vous de votre bon
vieux coussin moelleux d'une couverture douce et a vos souris)
On s'etait donc quittes quelques heures avant d'embarquer sur ce fameux
slow boat miniaturise. Il est 10h du mat', le moteur demarre, nos yeux
petillent et des sourires s'esquissent sur toutes les bouches.
Cap'tain Noun aux commandes et 4 petits mousses a l'arriere qui jouent,
jouent et rejouent au badgammon. Un equipage de choc!!! Les premiers
kilometres, on observe, on realise et on ammorce une communication un
peu cahotique avec notre chef de bord, Noun. Au bout de quelques
heures, une plage magnifique fait surface a l'horizon.
"Noun...heu...la...heu...here...stop!? Mmmh Yes? ok!?" Aie aie aie...c'est pas gagne.
Bon
on s'arrete quand meme! Objectif: faire decouvrir a Noun notre aile de
kite et nos chers freesbee histoire de comprendre dans quel guepier il
est tombe. On debarque, Noun mord a l'hamecon et se laisse porter par
le vent. Pendant ce temps la, un par un, des enfants du village au
dessus descendent voir. Petit a petit ils se melent a une partie de
freesbee endiablee qui n'en finit plus. Leurs rires et leurs cris
jaillissent en choeur rythmes par des sauts acrobatiques dans le
Mekong. 3h plus tard Noun reagit et donne le signal de depart. "Go!" Il
faut qu"on soit dans son village avant le couche du soleil. On
redemarre... Les aurevoirs sont emouvants. Tous les enfants se
rassemblent et unissent leurs mouvements de mains, leurs sauts et leurs
Sabaidee (qui veut aussi dire aurevoir).
On part gaiement de cette
premiere aventure...Notre hote commence deja a se detendre un peu, il
rit avec nous et les langues se delient: a chacun son jargon. Ca y'est
on y est, le fameux et tant attendu muu baan(village) de Noun: Ban
Kroukja. Le couche du soleil approche et notre cap'tain prefere nous
presente tout d'abord son ami Lee autour d'un verre de pastaga et de
quelques notes de musiques(la guitare et la voix de Julia). Pendant ce
temps arrivent sa femme, son fils et sa fille charges de gamelle de
sacs de riz et d'epices en tous genres. Sa mia(femme en lao) s'installe
aux fourneaux rapidement. Illico presto Ilo et Soulia proposent leur
aide mais on les invite a s'asseoir sur le tapis table et a attendre le
repas! Gloups! Bon, c'est un peu genant mais ils insistent. Au Laos,
dans chaque foyer, l'invite est plus que roi. Il est difficile de faire
accepter notre aide...On se fait servir du debut a la fin comme des
prince.
Voila c'est pret, un delicieux petit plat de bienvenue
un peu, voire tres tres epice. On est tout rouges, ils sont mort de
rires! Bon c'est dur au debut mais on s'habitue vite et la douleur
laisse place aux saveurs plutot delicieuses. Le repas se passe, il fait
nuit noire. Il est l'heure d'installer de quoi dormir. On installe nos
moustiquaires respectives et on se couche a meme le sol dans le bateau.
Une premiere nuit sur le Mekong excitante mais nos lits en bois brut
nous ont valu un reveil courbature de la tete aux pieds. Heureusement
la vision du fleuve colore de rayon solaires rose et ocres nous
reconfortent. Une fois notre pep's retrouve et apres un succulent petit
dejeuner, Tim et Jean s'aventurent au village. Ils ont a peine fait 3
pas qu'on les interpelle deja pour leur proposer une partie de petanque
au milieu des habitations et des habitants aux yeux equarquilles. Le
jeu commence, deux lao contre deux phalang (francais) on vous raconte
pas la pression. La 1ere manche est courte et se finit par un carreaux
llifte de Jean...du jamais vu. La 2eme manche dure dure et dure
encore...Les lao tentent le tout pour le tout. Diffcile de se faire
battre sur son propre terrain (dixit Jean pascal Leblanc). Et c'est
pourtant ce qui arriva. On etait pas loin de s'excuser mais apres tout,
c'est le jeu! Bref...pour sympathiser on leur offre quand meme une
petite Beer Lao histoire de... Il y a quand meme 2 ou 3 machettes a
chaque coin de rue! Tim et Jean font les fiers qu'une fois hors de
portee des vaincus bien decus! Apres un premier bain vitalisant dans le
Mekong on se sent fin pret a affonter ce fleuve tumultueux.
Alors nouveau depart vers des villages incconnus et nouveau petit
matelot: Lee le second de Noun embarque sur notre fregate!! Sur la
route les paysages nous laissent sans voix, un somptueux melange de
jungle dense de falaises abruptes et de montagnes tordues a perte de
vue. On file, on vole et parfois nous faisons une ou deux haltes pour
la baignade, la peche, ou tout simplement pour la vue magnifique. La
halte suivante est la bonne. Un village perche, une plage en dessous,
puis le Mekong... Nous debarquons tout les quatre et les 2 Cap'tains
echangent quelques mots avec les villageois. Les visages s'adoucissent.
Ils sont une dixaine sur la plage au retour de la peche. C'est le
moment, nous sortons notre bon vieux jeu de lance-anneaux. Et la, c'est
genial! Un attroupement de pecheurs aux accent pointus se forment
autour de la team Mekong Joueur. Et comme d'hab on leur montre une fois
(en plus maintenant on sait compter en Lao) puis ils nous prennent les
anneaux des mains...et en avant pour 3, 4 voire 5 parties de folies,
comme on les aime, pimentee a souhait! Mais bientot la nuit donne le
coup de sifflet final. On se dit aurevoir et surtout a demain. Pendant
ce temps Noun et Lee ont prepare le hua(bateau) pour la nuit. On
prepare une bonne petite bouf, avec du miel et des cacahuetes. Nous les
picorons avec une boulette de riz gluant et c'est le bonheur. Nous
avons passe la soiree a jouer avec Noun et Lee. Julia joue un petit air
de guitare, pendant ce temps Tim, Elo et Jean tentent d'expliquer les
dominos a nos cap'tains. Les explications sont longues mais tellement
droles qu'on en oubli finalement le jeu. On s'endors a bord du bateau
epuises mais heureux...les jeu sont bon communicateurs, ils sont source
de rires, de larmes, de joie,...une palette de sentiment jaillit chaque
fois que l'on pose notre pied joueur dans un village. Et les liens se
creent tellement plus vite avec un simple jeu.
Le lendemain, au reveil, une pluie de regards enfantins se
posent sur nos activites matinales, c'est a dire preparation du pain
perdu et du cafe Lao. Ils rient,chuchottent, murmurent, s'amusent de
certains de nos faits et gestes...parfois ils fuient d'un regard
joueur lorsqu'on les salut...un peu genes, un peu timides. Lorsque tout
les enfants sont enfins reunis on pense le moment propice pour un
atelier dessin. On etale la bache, on sort pinceaux, crayons et
peinture...Autour de nous une foule de petites crevettes laotiennes se
ressere. Julia peint sa main en rouge, ils pouffent un peu. Ils ne
comprennent pas bien au debut, ils sont coinces entre un profond desir
de se lancer et la peur d'etre le premier a commencer. Ca va peut etre
un peu vite pour eux...on est surement les premiers blancs qu'ils
rencontrent il faut un temps d'adaptation. Elo dessine un cocotier, une
fleur...Et ca y'est une premiere petite fille s'accroupit, prend une
feuille et se lance dans un patchwork multicolore splendide. Ni une, ni
deux tous font de meme. Et nous voila embarques dans un tourbillon de
couleur, de rires et de chants... Les meres descendent voire ce qui
attire tant en bas. Une par une elles s'attroupent, nous sourient, nous
saluent chaleureusement puis nous observent avec le regard doux qu'une
mere peut avoir. L'atelier dure bien 3 heures, ils sont couvers de
couleurs et leurs dessins sont tous plus beaux les uns que les autres:
des mandalas, des fleurs, des aplats de couleurs...Il y'en a une
centaine, on les gardera tous. En retour, on confectionne pour toutes
les meres et leurs filles de petits bracelets en noeuds marins. Elles
se battent amusees pour toutes en avoir un! Pendant ce temps, Jean et
Tim se lancent dans un cours de gym avec les autres enfants sur la
plage. La rive se transforme en veritable terrain de jeu. Au sud, le
jete d'anneaux fait furreur. Au nord un cours d'equilibre pointe son
nez. A l'est, l'aile de kite bat son plein. Et a l'ouest le planeur
boomerang les eclate. Bref une matinee reussi.
Noun et Lee toujours la qui jouaient eux aussi, nous demandent si
on peut repartir car ils connaissent un village un peu plus bas tout
aussi sympa. D'apres eux il est possible aussi de s'y raprovisionner,
enfin c'est ce qu'on comprend! Ok alors, on file! Nous serions bien
restes un peu mais l'aventure nous attend aussi un peu plus bas.
Et c'est repartit pour quelques heures de nav' a buller dans nos
jeux et nos bouquins. On est encore un peu emu par ces aurevoirs et ces
poignees de mains prenantes lors de notre depart de ce muu
baan(village) si accueillant! Encore une belle experience!!!
A peine le temps de rever un peu et ca y'est l'autre village est
deja a l'horizon. Une immense dune de sable et au dessus le village
cache derriere les arbres. On arrive a l'heure de la douche collective
et de la partie de Quizac (jeu typiquement Lao, qui, comme au volley,
consiste a se faire passer une balle en osier au dessus d'un haut filet
sans se servire ni des bras et ni des mains. Un resultat acrobatique de
figures stylisees.) On y participe, on y ajoute notre freesbee et un
planeur juste le temps de quelques echanges car le soleil se couche et
sonne la fin de la recre. Tout le monde rentre au village pour se
preparer a passer la nuit. On a qu'a faire pareil!! Voila on mange et
on s'endors paisiblement...
L'aube s'eveil. Aujourd'hui on doit se ravitailler en viande et
tout le tralala. On s'enfonce dans le village pour trouver notre
bonheur. Premier petit bouiboui, Jean immite la poule pour faire
comprendre qu'il veut du poulet. Ni une ni deux, le commercant nous
propose de le suivre. Il traverse l'echoppe pour arriver devant son
poulailler. La il lui demande de choisir le poulet de ses reves. Jean
opte finalement pour un bon canard de 3,4 kg. Ce dernier bien vivant se
debat mais Jean bienheureux le reconforte en lui chantant une berceuse Tout doux petit caneton tu finira en marmiton. C'est effectivement ce qui arriva une heure plus tard a l'arriere du bateau dans la cuisine sommaire du cap'tain.
Parfois le fleuve se corse le Mekong se retrecit et le debit
augmente. Des rochers shisteux en lame de rasoir surgissent, des
tourbillons apparaissent a la sortie des rapides et des contres
courants affolants poussent notre bon cap'tain a la plus grande
vigilance. Le bateau a fond plat depasse les 20m de long et chaque
manoeuvre dans ces conditions est meditee voire bien reflechie. Noun et
Lee sont dans ces instants la impertubables meme quand Tim leur propose
une bonne Beer Lao. C'est peut etre aussi pour cela qu'a chaque repas
nos hotes offrent du riz a Bouddha. Ils disseminent de ci de la
quelques boulettes sur le bateau. A l'avant meme du navire il y a comme
un petit temple, en miniature, chaque matin chaque soir Noun et Lee
remercient ce bon Bouddha et lui chuchottent leur reconnaissance.
Les 5 derniers jours avant Vientiane sont a noter dans la
rubrique seuls au monde. Peu de muu baan(villages), beaucoup de jungle
et de plages desertes. Alors la peche s'intensifie, la chasse aussi car
notre cap'tain possede un fusil de 1824 a un coup. Ce dernier se retire
des heures entieres et part au coeur de la foret rentrant parfois bien
apres la nuit... Foufou le type!!!
Revenons tout de meme sur le chapitre de la peche puisque nous
avons put apprendre 2-3 techniques qui different totalement des notres.
La premiere etant la plus simple, consiste a nouer un gros boulon
rouille autour d'un fil de peche puis a attacher en bas de ligne un
hamecon(rouille de preference). Vous prenez un pot en plastique(achete
a Luang Prabang) qui sent la pouriture comme jamais. Vous l'ouvrez et
saisissez un bout de poisson-tripe en decomposition et le ficellez a
votre hamecon. Vous y etes! Vous lancez alors au loin votre fil vers
l'autre rive et vous patientez gentilment. Vous allez par exemple vous
laver 8 fois les mains dans le Mekong avec du savon tant l'odeur
pestillancielle de l'apat vous colle a la peau(veridique).
L'autre technique bien plus noble est celle du filet plombe. Vous
lovez une des parties dans la main droite et vous deposez sur le coude
l'extremite du filet. Vous saisissez le reste du filet avec la main
gauche. Vous etes pret au lance! Vous entamez une habile contorsion sur
le cote de votre choix. Feu flamme vous propulsez le filet vers le
ciel. Ce dernier s'ouvre en grand et retombe sur le plan d'eau, se
refermant sur le paa(poisson) pris au piege. HAHAHA!!!
Dans ces endroits isoles le temps est comme suspendu. Nous jouons
beaucoup aux jeux de societes, nous lisons tranquillou nos bouquins que
l'on s'echange avec ferveur. Nous cuisinons du matin au soir de bon
petit plat. P'tit dej': pain perdu, oeuf, cafe lao au lait concentre et
the lao. Dejeune: pates chinoises ou choux cuit avec poulet, porc ou
paa. Diner: des plats en sauce avec du miel ou divers niok mam et khao
niaw(riz gluant). Chaque repas se fait a la facon lao assis en
tailleur sur une paillasse tous en cercle. Nous mangeons avec les mains
et une cuillere a soupe. Le riz gluant est notre pain et saucer tout
ces plats avec est un grand plaisir pour l'equipe du Mekong Joueur.
Les jours passent et nos sens de marins d'eau douce d'orient
s'aiguisent. Nous faisons corps avec le fleuve, nous nous y lavons,
nous le traversons a la nage, nous sautons du haut de rocher dedans,
nous y lavons nos habits et nous cuisinons meme certaines denrees avec
son eau. Les montagnes nous surplombent et parfois les falaises
vertigineuses encerclent le bateau. C'est alors que nous jouons a tout
rompre au jeu de l'echo!!! ECHHO...ECHo...ECho...Echo...echo...
Alors pensez au choc que nous recumes lorsque la frontiere
thailandaise pointa le bout de son nez au detour d'un virage sur le
fleuve. Des maisons en dur, des digues avec des escaliers en betons,
des voitures avec des roues, des chansons modernes qui s'echappent de
tetra megaphones, des temples brillants et des Bouddhas geants en or.
Wouaou!!!
On trouve une ile "no man's land" entre ces 2 pays si
contrastes. On y pose le pied, on y plante un drapeau vert(l'echarpe
d'elo) et on nomme ce nouveau pays NOUNLAND. Notre cap'tain est
bienheureux. Il aimerais bien nous dire "Bienvenue chez les Chnoun"
mais il a pas vu le film. Alors on sort le ricard la beer lao et le jeu
de l'anneau. On fonde ainsi le casino. Julia, plus loin, peche. La
criee et la poissonerie seront a cet emplacement. On a meme fait les
plans pour une future boulangerie. Le pied en quelque sorte!!! Sur une
autre baignade, en katimini, nous traversons le Mekong pour fouler le
sol thai quelques instants. Puis, vite, plouf retour au Lao.
Vientiane, la douce capitale approche. Notre derniere etape se
situe dans un village moins perdu. D'apres un habitant qui maitrise un
peu l'anglais, ils n'ont pas vu un phalang(etranger) depuis 8 mois. Et
encore, c'etait un japonais egare sur la piste. L'accueil fut enorme,
les jeux ont comme d'habitude un succes fantastique. Le chef du village
vient a notre rencontre et nous invite a manger et a boire avec lui et
quelques amis. La soiree est tres tres arrosee et le lao-lao(alcool de
riz) coula a flot. Aie aie aie le ciboulot!!! C'etait aussi notre
derniere soiree en compagnie de Noun et Lee, ceci expliquant cela.
Reunion des 4 les lendemain matin a la premiere heure pour
cette derniere journee de navigation. Nous sommes decides a acheter
notre propre hua(bateau) pour continuer l'aventure Mekong.
Arrives a l'embarquadere de la capitale, c'est le moment de
quitter nos 2 compagnons de traversee. On se fait une derniere bouffe,
une derniere sieste ensemble on leur offre une de nos canne a peche
avec moulinet (car eux aussi on decouvert une nouvelle technique qui a
l'air de leur plaire) puis on s'en va dans un tuk tuk bien negocies.
Lay Korn(aurevoir) les gars et Khopchai lai lai(merci beaucoup) Sok
dee(Bonne chance). On aimerais leur en dire plus mais les mots nous manquent. Une bonne poignee de mains et des regards prenants en disent parfois plus que quelques simples mots...
Vientiane, une ville aux parfums de France ou le nom des rues
est ecrit en francais. Les baguettes sont croustillantes et les
restaurants se nomment "Cote d'azur" ou "Au coin tranquille". Pour la
team Mekong Joueur, c'est moins tranquille! Paperasse, prolongation des
visas, et visas d'entree pour le Cambodge pour Elo et Tim. Nous ne
souhaitons pas nous eterniser en ville meme si cette derniere a un
charme certain. Redecouvrir les p'tits restos et le confort des
guesthouses ne nous deplait pas, mais le Mekong nous appelle.