Arret dans le village de Toum-gnai...et rencontre avec Silakphet un laotien parlant francais.
2eme arrêt, c'est décidé ce sera la petite île de Don Saeng dans
le village de Toum-gnaï (pourquoi on sait pas? encore ce hasard qui se joue de
nous): on se démène pour y arriver, on force comme des fous sur nos
pagaies. A notre passage les laotiens rient, s'esclaffent, nous interpellent.
Visiblement ici aussi ils n'avaient pas vu de "falang" depuis des
années et encore moins 4 sur une pirogue, avec des chapeaux laos, une pagaie à
la main, suant toute l'eau de leur corps pour arriver au village suivant.
On s'arrête pour demander notre chemin...simple demande qui se transforme en
une scène amusante. Une femme s'approche, nous parle d'abord puis nous murmure
des mots à l'oreille comme si elle voulait nous dire un secret, des enfants
rient de nos bouilles de blancs et jouent à celui qui nous approchera de plus
près, un homme vient baigner son buffle d'eau dans le Mékong et ce dernier
s'enlise dans la boue jusqu'aux genoux...un peu comme nous d'ailleurs. Ça rit,
ça parle, et on arrive quand même à obtenir quelques renseignements. L'île que
l'on cherche est tout près, en quelques minutes on y est...
Alors c'est reparti, une femme qui travaillait dans son champ nous offre des
haricots longs, à grignoter crus...C'est un de leurs mets favoris et c'est vrai
que ce n'est pas mauvais il a un côté croquant, frais, sucré et un peu amer.
Elo est notre pilote sur ce coup là pour trouver l'endroit exact du village où
nous voulons nous arrêter. C'est un vrai calcul de logique..."alors attend
si Houadomxai est là alors ça veut dire que la petite maison là-bas avec le
pêcheur en face c'est le village qu'on voit en rouge sur la carte, mais alors
si on calcule à l'échelle de la carte on devrait mettre 13 minutes
environs!" "Ah non j'suis pas d'accord je parie 23 minutes et toi
Tim?" "OK alors 17 minutes celui qui est le plus éloigné fait
la cuisine tous les midis!!" "OK!"
Finalement on y arrive 3/4 d'heure plus tard. On pose la barque au bord d'une
immense plage de sable et de boue craquelée. Un paysage lunaire s'offre à nous.
Des trous, des vasques de boue séchée... on se demandait jusqu'à présent le
pourquoi de ces tourbillons et ces bouillons sur le fleuve: la réponse est
devant nous. L'eau s'engouffre dans ces grandes vasques tourne à l'intérieur et
remonte à la surface. Une vision aussi surprenante avec et sans eau!
On décide finalement de se rendre au village. On marche 5 minutes en
s'enfonçant dans les terres pour arriver à l'entrée du village. Là, 2 hommes
nous indiquent la direction à suivre pour se rendre au cœur du village.
Sur le chemin d'abord un petit
temple en construction puis une école où nous nous arrêtons..., C'est l'heure
de la sortie des cours...on est là plantés devant l'entrée de la cour. Au son
de cloche, ils se précipitent dehors en courant. Au début aucun d'eux ne nous
voit, puis ça y est un premier sonne l'alarme, alors tous s'arrêtent: Certains
rient, d'autres ont un peu peur...c'est sûrement la 1ere fois pour eux qu'ils
voient des "falangs" et ils ont 7 ans ! Bon on recommence à
marcher sur le chemin pour voir un peu. On est suivi, par un groupe de 30
enfants qui refusent de mettre moins de 10 mètres entre eux et nous. Ils rient,
chuchotent... Elo et Julia sont juste devant eux et essayent de jouer avec eux.
On s'arrête, ils s'arrêtent illico presto, on avance ils font de même, Julia a
même tenté de reculer de trois petits pas...Et là ce ne sont pas de 3 mais de
10 ou 20 grand pas qu'ils reculent et en courant, en se bousculant, en
tombant!!! Euh bon pas si drôle ce petit jeu...ils ont vraiment peur. On est
tous un peu sonnés. C'est une drôle de sensation que de faire réellement peur
par sa différence physique.
Nous voici arrivés au cœur du village...une
petite échoppe sur le bord du chemin entre les arbres. A côté, une petite
terrasse où les anciens fument et boivent en contemplant un temps le Mékong,
l'autre temps les scooters et le tracteur sur le chemin. L'endroit nous plait,
on commande de quoi se désaltérer, on s'installe, on boit quelques gorgées,
puis on sort le jeu d'anneau... tiens pour changer ! L'endroit est
stratégique, on est sur la route principale ou plutôt le chemin principal.
Rapidement on se retrouve une vingtaine à jouer.
Pendant ce temps Timo commence à discuter avec un ancien du village, d'abord
ils échangent quelques mots d'anglais. Sur lui, sa vie et sur notre expédition.
Puis il cherche à savoir s’il est possible de dormir dans le village chez
l'habitant. "BAT pen Niang" répond-t-il ("Pas de problème"
en lao) mais il faut demander au chef du village. Il emmène Tim le voir. La
réponse est positive. On dort chez qui on veut...le chef ou l'ancien. On
verra...
Jean revient du bateau ou il était parti chercher la carte,
s'installe avec nous sur la terrasse. Et l'homme qui parlait anglais à Tim
depuis le début demande alors à Jean: "Comment vous appelez-vous ?"
On est scotchés, Jean répond. Lui, s'appelle Silakphet. On se rendra compte que
beaucoup d'anciens parlent un très bon français...le Laos était, il y a encore
quelques années une colonie française. Il nous explique alors qu'il était prof
de français à Vientiane pendant 40 ans. Il n'a pas parlé depuis longtemps, il
commence donc à perdre un peu la langue, mais il parle tout de même très bien
!!! On ira donc dormir chez lui.
Le soir, on arrive chez eux, la famille nous a installés des lits pour tous les
4, Silakphet nous invite à manger avec lui, mais sa femme et ses enfants
mangerons plus tard, quand nous aurons fini!
Le repas est très très copieux on en peut plus!! Mais c'est tellement
chaleureux...un peu plus tard des hommes du village viennent boire le digestif,
le lao-lao. Puis vient la fatigue de la rame, on s'écroule tous ensemble
jusqu'au lendemain matin sans avoir vu passer la nuit. Le lendemain on doit
repartir tôt, notre hôte nous explique les endroits à éviter en barque et le
temps qu'il nous faut pour arriver aux 4000 îles...environ 7h!!!
Super ...on repart donc un peu
plus tôt que prévu pour éviter le soleil de plomb de midi. Mais sur la plage
les enfants, en avance pour l'école, nous suivent. On sort les frisbee et
commence une partie de longs échanges sur la plage. Au début un seul enfant
joue, puis son copain vient le rejoindre, puis ils sont 10, 15, 20 à se prendre
au jeu. Ils ont le cartable sur le dos, le goûté dans une main et le frisbee
dans l'autre. On ne verra pas le temps passer, la partie durera bien une heure ! Il est vraiment temps de partir.
On dit au revoir à la petite brochette de crevettes en uniforme puis on
embarque pour 7 heures de nav'.